| |  | | La fabuleuse histoire du porno gay | | Didier Roth-Bettoni, rédacteur en chef du magazine d’"Illico", a participé à un ouvrage encyclopédique sur les origines du film pornographique. Ce journal devrait être publié au début 2002 aux éditions Zulam. Il y consacre des articles sur les origines du porno gay. |
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| Comment est né le cinéma porno en France ?
Si le cinéma porno est né aux Etats-Unis dès 1969, il faudra attendre 1974 en France pour que la censure s’arrête. Tout de suite, c’est un raz-de-marée. N’importe quelle salle de cinéma en France pouvait alors montrer des films pornos. D’ailleurs, entre 1974 et 1976, près de la moitié des films qui sortent en salles sont pornographiques ! Puis en 1976, la loi du X entraîne un frein économique et de 2000 salles en 76, on passe très vite à une grosse centaine.
Quel était le premier film porno à être montré en France ?
Ce fut en 1976, "Histoires d’hommes" de Jack Deveau. Mais dans l’intervalle 74-76, il y a eu un nombre de films hétéros français qui introduit des séquences gay. Ça se compte sur les doigts d’une main, mais c’est très étonnant. Ensuite, dans les années 70-80, il y a une petite production française très faible : environ vingt-cinq films réalisés par quatre cinq réalisateurs. Deux noms sortent du lot : Norbert Terry, tout d’abord, qui est à la fois importateur de films, réalisateur, producteur et exploitant d’une des trois salles spécialisées dans le porno gay à Paris, "Le Dragon".L’autre réalisateur qui va émerger, c’est Jean-Daniel Cadinot.
Qui est-il ?
A la base, c’est un photographe et il va réaliser des films gay qui vont énormément marcher en France, mais surtout à l’étranger. C’est une star aux Etats-Unis. C’est le seul à l’époque à avoir du talent et du succès. Il faudra attendre le milieu des années 90 pour qu’en France apparaisse une industrie française du porno gay alors que très vite aux Etats-Unis se met en place une industrie du porno gay fonctionnant comme le modèle hollywoodien.
Qu’est-ce que le cinéma X a apporté
aux gays ?
Ça a été très important. Historiquement, cela arrive en 1969, l’année de Stonewall qui marque le début de la libération sexuelle. La même année, on a l’émergence du militantisme identitaire et le porno. Les deux se conjuguent. Le cinéma porno, c’est quasiment un cinéma militant, une marque de liberté très forte. Ces films ont pu montrer à des gays qu’ils n’étaient pas tout seuls. Et puis ça donne des idées !
L’apparition du sida et le passage du cinéma à la vidéo sont étroitement liés.
Ça n’a fait qu’accélérer les choses. Les films étaient projetés en grand écran et permettaient aussi des rencontres. Avec la vidéo, il y a eu un phénomène de repli sur soi. Plein de gens, par peur de la maladie, en sont venus à une sexualité hyper protectrice.
Comment expliques-tu la fascination des gays pour les acteurs pornos ?
Comme la sexualité n’est plus taboue, elle s’affiche. Il y a toujours eu des stars aux Etats-Unis : Bobby Kendall, l’acteur de "Pink narcissus" un film soft, est une star. Casey Donovan enchaîne les films dans les années 70. John Holmes, un acteur qui fait essentiellement carrière dans les films hétéros, est une star hallucinante avec ses trente centimètres. Plus proches de nous, il y a eu Jœy Stefano, le seul acteur exclusivement passif à être devenu une star ; et Jeff Stryker, qui aurait pu avec sa beauté typiquement américaine être le rival d’un Tom Cruise par exemple.
Et en France ?
Il y a quelqu’un de très connu dans les années 70, c’est Piotr Stanislas qui a fait une carrière étonnante : des pornos pédés, des pornos hétéros et des films d’auteur pas pornos. C’est le seul à faire cela, à passer d’un genre à l’autre comme ça.
Quelles sont les nouvelles tendances du cinéma porno ?
Régulièrement, il y a des modes. On nous sort une tendance "nouvelle". Par exemple, il y a deux ans, il y a eu la vogue latino, on a découvert le cinéma porno américain avec des latinos. Ce qui n’est plus abordé mais qui l’a été dans les années 70, ce sont les films avec une conscience sociale.
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