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 <I>Je m'appelle Eddy (de Pretto), j'ai la vingtaine et je fais de la musique</I> - Entretien  
Entretien
Je m'appelle Eddy (de Pretto), j'ai la vingtaine et je fais de la musique
 

Kid, La fête de trop, La jungle de la chope... "Les chansons m'ont dépassé. Aujourd'hui, elles sont plus grandes que moi" : en un an, Eddy de Pretto est passé de valeur montante à tête d'affiche, avec un premier album qui épouse son temps et refuse les étiquettes.

 
 
 
 

À 25 ans, le chanteur qui a grandi à Créteil, en région parisienne, est partout : au Fnac Live cette semaine à Paris, avant les Eurockéennes de Belfort, les Francofolies de La Rochelle, les Vieilles Charrues, puis deux Olympia déjà complets début novembre.

Dans l'album "Cure", journal intime sorti à l'automne, Eddy (son vrai prénom) parle sans filtre de rencontres sur internet, de drogue, d'aventures sexuelles.

"Ce n'est pas un album revendicatif, ni un outing public en mode  'je suis gay', je raconte juste mon histoire", dit-il. "Je me raconte énormément, pour ne pas avoir à me définir par des cases". Tout ce que je peux dire, c'est "que je m'appelle Eddy, j'ai la vingtaine et je fais de la musique".

En plein questionnement sur le genre et la dénonciation des diktats, ses textes font mouche comme le succès "Kid" ("Tu seras viril mon kid/Je ne veux voir aucune larme glisser sur cette gueule héroïque/ Et ce corps tout sculpté pour atteindre des sommets fantastiques").

"Quand on est un homme, il y a une obligation à être cet homme-là : sans faille, insensible, prêt à tout. Moi, petit, j'étais tout le contraire : je pleurais à la moindre chose, je jouais aux poupées, je voulais faire de la musique, j'aimais regarder la Star Academy", se souvient-il.

Pour donner le change, le gamin de banlieue, qui rêve déjà des feux de la rampe, joue au caïd en bas de l'immeuble et écoute les Spice Girls dans sa chambre. Un double jeu que cet admirateur de Brel, Brassens et Barbara raconte dans des textes ciselés.

Mais toujours soucieux de ne pas s'enfermer dans des cases, Eddy de Pretto ne se contente pas de chanter à la manière de ses idoles.

Direct et percutant

"Beaucoup de gens me disent que j'ai ramené un truc cool à la chanson", s'amuse ce fan de hip hop américain, de Frank Ocean au rappeur XXXTentacion (tué mi-juin) en passant par Tyler, The Creator, des figures montantes du rap californien. Des artistes qui, pour la plupart, sont comme lui dans la vingtaine.

"Il y a une certaine rondeur, dans leurs productions et un vocal très précis et très chantant", tout en jouant avec une certaine violence et les codes de la rue. "En France, on n'a pas ça". Alors il s'est lancé dans ce genre hybride, associant "un français précis, brutal, direct pour l'écriture, avec des musiques percutantes, qui entraînent, qui tapent".

Devant son public, le chanteur à la dégaine streetwear ne ménage pas ses efforts, révélant une forte présence scénique héritée de sa formation théâtrale, dans des cours de quartier d'abord, puis dans une école formant également à la danse.

"La scène, c'est sacré (...) C'est comme un rendez-vous Tinder (application de rencontres, ndlr) : quand ça marche bien, tu as envie que ça dure des heures", confie-t-il. Et son public le lui rend bien. "Dans les salles, il y a un sentiment de solidarité, l'idée de 'parlons sans tabous, soyons ce qu'on a envie d'être, sans peur, assumons-nous', confie le chanteur.

De couverture de magazines à la tournée des festivals, comment vit-il cette surexposition ? "J'évite d'écouter tout ça, ça met une pression pour rien", balaie celui dont le mot d'ordre semble être "peu importe" ou dans sa version plus prosaïque "on s'en fout".

"Ma vie a changé mais intérieurement, je n'ai pas l'impression d'avoir changé tant que ça, hormis une certaine confiance en moi. Mais ça fait du bien". Bonne nouvelle : Eddy de Pretto a encore de nombreuses choses à raconter et est de retour en studio.

(Source AFP)



 
   
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