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 <I>Soudain l'été dernier</I> de Tennessee Williams à l'Odéon - Théâtre 
Théâtre
Soudain l'été dernier de Tennessee Williams à l'Odéon
 

Une jungle aux lianes tentaculaires envahit le plateau, métaphore parfaite de la moiteur étouffante de la pièce de Tennessee Williams, "Soudain l'été dernier", donnée jusqu'au 14 avril au théâtre de l'Odéon.

 
 
 
 

Le décor impressionnant imaginé par Stéphane Braunschweig rappelle le Misssissippi natal de l'auteur d'"Un Tramway nommé Désir" et de la "Ménagerie de verre" (1911-1983).

Dans "Soudain l'été dernier", il ne s'agit pas vraiment d'une jungle, mais d'un jardin exotique, celui du mystérieux Sébastien, mort dans des conditions sulfureuses en voyage, "l'été dernier".

La pièce est hantée par cet homme, dont le portrait se dessine peu à peu à travers les paroles de sa mère, la terrifiante Violette, à jamais inconsolable de la mort de son fils unique, et dans le récit de Catherine, seule témoin du drame de "l'été dernier".

Les mots reviennent en boucle: "l'été dernier", Sébastien s'est pour la première fois affranchi de la tutelle de sa mère, "l'été dernier, Sébastien est devenu adulte" et il est mort.

Un huis clos s'installe dans le jardin luxuriant entre Violette et Catherine, que Violette a fait enfermer dans une maison de repos et qu'elle veut faire lobotomiser, pour extirper "cette hideuse histoire de son cerveau": la mort de son fils.

La pièce cruelle de Tennessee Williams est formidablement jouée, par Marie Rémond, d'abord, qui incarne Catherine, jeune femme fragile toujours au bord de l'explosion, traquée par la vengeance froide de Violette. 

Luce Mouchel campe ce personnage de mère abusive dont les phrases claquent comme des fouets. Autour d'elle, les serviteurs sont tous noirs, comme il se doit dans ce Sud des Etats-Unis: la domestique, terrifiée, et surtout le médecin à qui Violette promet un généreux financement de ses recherches s'il consent à la lobotomie.

Tennessee Williams, dont la propre soeur Rose a subi une lobotomie, décrit avec beaucoup de poésie les personnages fragiles, marginalisés par la société, en proie à des pulsions interdites. Lui-même homosexuel affiché, il dresse dans le personnage de Sébastien le portrait d'un homme au bord du gouffre, torturé par ses pulsions, et qui envoie sa cousine Catherine "racoler" les jeunes garçons "affamés" sur la plage.

Le spectateur suit fasciné la progression de la pièce vers son climax, "la fournaise blanche" où se déroule la mort sacrificielle de Sébastien, tandis que le décor de jungle fait place aux murs matelassés d'un asile de fous.

(Source AFP)


 
   
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