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 Les lesbiennes gagnent en visibilité en France - Sortir du placard 
Sortir du placard
Les lesbiennes gagnent en visibilité en France
 

Des chanteuses, des actrices, des intellectuelles, des militantes féministes: les lesbiennes, jusqu'à récemment peu visibles dans la société française, sortent de l'ombre, prêtes à endosser le rôle de modèles pour les jeunes générations.

 
 
 
 

"Il y a un moment lesbien", se félicite Alice Coffin, militante féministe et élue EELV à Paris. Dans son livre "Le génie lesbien", qui paraît mercredi, elle raconte son homosexualité et son combat féministe. "Le fait qu'un livre comme ça soit publié chez Grasset ! (...) On a un espace en ce moment". "Ça bouge", confirme Marie Labory, présentatrice du journal sur Arte, également lesbienne affichée. "On assiste à un rattrapage", renchérit le sociologue Sébastien Chauvin.

La chanteuse Angèle, numéro 1 des ventes en France en 2019, est l'auteure de l'un des posts Instagram les plus commentés de l'été. La Belge porte sur la photo un simple tee-shirt blanc avec en lettres rouges: "Portrait of women who love women" (Portrait de femmes qui aiment les femmes). Et un commentaire: "Au moins, c'est clair". "Je pense que c'est monumental dans les collèges, les lycées, l'effet de 'licitation' de l'homosexualité que produit un tel post", estime Sébastien Chauvin, co-auteur de "La sociologie de l'homosexualité".

En février, lors de la cérémonie des Victoires de la musique, la chanteuse Hoshi embrassait une femme sur scène. Lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles comme la chanteuse Christine and the Queens: ces artistes "cassent les codes", applaudit Marie Labory.

"Yep, I'm gay" 

Au cinéma, sortait il y a un an "Portrait de la jeune fille en feu", de Céline Sciamma, avec Adèle Haenel. Ce film sur la naissance d'un amour entre deux jeunes femmes "a représenté un séisme", pour Marie Labory. "Il n'y avait rien eu de comparable en France, où on est en manque total de représentation".

Alors qu'aux Etats-Unis la présentatrice star Ellen de Generes a ouvert un boulevard aux autres homosexuelles en révélant en 1997 en "une" de l'hebdomadaire Time "Yep, I'm gay", les Françaises revendiquant leur homosexualité ont été très rares dans l'histoire récente.

Il y a eu, en 1986, la chanteuse Catherine Lara, et ce dialogue avec le présentateur Michel Denisot: "Que regardez-vous chez un homme ?", "Sa femme", avait-elle répondu. En 1999, c'était au tour de la joueuse de tennis Amélie Mauresmo de faire son coming out. "Elle en a pris plein la tête. Elle était courageuse, avant-gardiste", applaudit Catherine Michaud, présidente de l'association LGBT GayLib. Pour les lesbiennes, "c'est un peu la double-peine", estime-t-elle. Elles sont victimes en tant que femmes du "sexisme ordinaire" et en même temps d'homophobie.

"Les gays sont plus introduits dans les sphères du pouvoir, nous, on n'y a pas accès", déplore Alice Coffin. Même au sein de la communauté LGBT, les femmes auraient du mal à faire entendre leur voix. -

Machisme

En mai 2019, huit lesbiennes ont écrit une lettre ouverte "à leurs camarades militants gays". "La communauté gay n'a pas, dans son ensemble, remis en question les comportements virilistes du machisme". Elles accusaient les hommes, en particulier dans des débats sur l'extension de la procréation médicale assistée (PMA) aux couples de femmes, de prendre la parole à leur place.

Nicolas Faget, de l'association des parents gays et lesbiens (APGL), regrette "il y a une espèce de banalisation de l'homosexualité masculine mais l'homosexualité féminine reste encore parfois tabou (...) en partie parce qu'elle remet en cause le patriarcat". "Certains croient qu'une femme ne peut pas exister sans homme", ajoute-t-il, "on a besoin de personnes qui se revendiquent lesbiennes".

Alice Coffin insiste sur l'importance de ce "rôle modèle". "Je crois que j'ai toujours été lesbienne. Mais je ne pouvais pas le verbaliser car je ne savais même pas que cela existait (...) Je n'avais pas d'exemples". "Faire son coming out, pour une personnalité, c'est crier 'Je suis lesbienne' pour que d'autres, moins connues puissent assumer leur identité", estime la militante.

Catherine Michaud insiste elle sur l'importance de "l'évolution des droits et libertés", "pour être considéré comme des citoyens à part entière". Elle attend encore l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes, qui doit être adoptée définitivement dans les prochains mois.

Rédaction avec AFP

 

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