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 Rétrospective Hockney à Beaubourg  - Peinture 
Peinture
Rétrospective Hockney à Beaubourg
 

"A Bigger Splash" est une icône de l'art contemporain et David Hockney une star, dont l'oeuvre multiforme, longtemps méprisée, questionne les modes de production des images. Repères sur la rétrospective que le Centre Pompidou lui consacre.

 
 
 
 

Splash

Un ciel bleu, une piscine encore plus bleue, deux palmiers, une villa contemporaine, et, perturbant ce monde plat, le "splash" d'un baigneur invisible. Pourquoi cette image est-elle devenue une icône universelle "comme il y en a une par siècle"?, s'interroge Didier Ottinger, commissaire de la rétrospective (du 21 juin au 23 octobre). "Sans doute parce qu'elle est l'image de l'Amérique moderne des années 60, de leur hédonisme", mais aussi parce qu'elle réalise une synthèse entre la peinture ultraminimaliste, alors en vogue, et l'expressionisme abstrait.

Californie

Installé à Los Angeles depuis 2014, le Britannique a découvert la Californie en 1964. C'était pour lui un fantasme, lié à la liberté sexuelle régnant dans la communauté gay. Mais aussi "un espace utopique comme Tahiti l'aura été pour Gauguin et le Maroc pour Matisse", soulignent deux experts de l'artiste, Paul Melia et Ulrich Luckhardt. Il adopte la peinture acrylique et commence à employer la photo pour préparer ses compositions. Ses peintures créent le scandale aux Etats-Unis, où règne le formalisme abstrait théorisé par le critique Clement Greenberg. Hockney a raconté comment Greenberg lui avait fielleusement glissé : "ma fille de huit ans adore vos tableaux". D'autres n'ont pas hésité à parler de calendriers des Postes.

Confrontation

Pourtant Hockney, formé au Royal College of Art de Londres, n'a cessé de se confronter à l'abstraction, non sans ironie. Ses piscines sont autant de métaphores du tableau et leurs reflets font référence à Jean Dubuffet ou aux toiles "spaghettis" de Bernard Cohen. Ses buildings reprennent la géométrie de Frank Stella. En 1978, il adopte la technique employée par Ellsworth Kelly et Kenneth Noland, deux représentants du minimalisme - une pâte à papier teintée dans la masse - et crée 29 "Paper Pools" (piscines de papier) où s'exprime son admiration pour les Nymphéas de Monet.

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Picasso

A deux reprises, Picasso va marquer les choix de David Hockney. Après une rétrospective à la Tate Gallery en 1960, il réalise "qu'on peut être un génie sans être enfermé dans un style", explique Didier Ottinger. Il peint alors quatre tableaux où sont cités Jasper Johns, Francis Bacon, le peintre de la Renaissance Duccio di Buoninsegna, jusqu'aux bas-reliefs égyptiens. Une esthétique de l'éclectisme qu'il intitule "Démonstrations de versatilité". Au début des années 80, c'est le Picasso cubiste qui lui inspirera la juxtaposition de clichés photographiques comme autant de points de vue différents.

Images

Du Polaroïd à l'iPad en passant par la photocopieuse couleur ou le fax, pas un nouvel outil technologique n'a échappé au peintre. En avril 2010, trois mois après le lancement de l'iPad, David Hockney produit des centaines d'images et les diffuse sur le web. Ce support lui permet aussi de décomposer son travail geste par geste. Une de ses installations, sur le thème des Quatre Saisons, a elle été réalisée au moyen de 18 micro-caméras haute définition.

Si à 80 ans Hockney reste féru de nouveaux outils, il a en même temps toujours entretenu un dialogue passionné avec les artistes du passé et spécialement avec leur technique de représentation du réel (camera oscura, machine optique). Des recherches qu'il développe en 2001 dans un ouvrage savant, intitulé "Savoirs secrets", et prolonge dans "Une histoire des images" en 2016 (Ed. Solar en français).

De la Pop culture au pope

L'artiste se passionne désormais pour la perspective inversée et les travaux de Paul Florensky (1882-1937), mathématicien, physicien, pope et théologien russe. L'exposition se clôt par une de ses toutes dernières toiles, terminée il y a quelques jours, où il applique cette "perspective inversée" à une vue de sa maison californienne. "L'histoire des images commence dans les grottes et s'achève pour le moment, sur des écrans d'ordinateur", dit-il. "Mais le défi reste inchangé : comment représenter un monde en trois dimensions sur une surface en deux dimensions?" La rétrospective Hockney sera présentée au Met de New York du 20 novembre au 25 février 2018.

(Source AFP)


 
   
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