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 Un an après, la loi Taubira a chamboulé la vie d'homosexuels, surtout ceux voulant adopter - Egalité 
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Un an après, la loi Taubira a chamboulé la vie d'homosexuels, surtout ceux voulant adopter
 

"Avant on disait 'mon amie' mais on n'aimait pas ça, maintenant on saisit la moindre occasion pour dire 'mon épouse'". Jennifer a épousé Corinne grâce à la loi Taubira. Comme des milliers de couples homosexuels ravis d'en finir avec leur condition de "sous-citoyens".

 
 
 
 

Il y a un an, à l'issue d'un débat électrique et de manifestations géantes, la loi sur le "mariage pour tous" est votée. Elle est adoptée le 23 avril 2013, promulguée le 18 mai. Ses opposants déplorent un "changement de civilisation qui va bouleverser la famille".

Onze jours après, Vincent et Bruno sont les premiers gays à se dire "oui". Puis viennent les premières filles, les célébrités... Avant que les projecteurs des médias ne se détournent de ces unions et de leur nouvelle routine fêtée sur les perrons d'hôtels de ville.

Jennifer Roger, 35 ans, et Corinne Bellanger, 31 ans, sont passées devant le maire le 3 août 2013. En robe blanche et couronne de fleurs, elles se marient sur la musique du "Jour qui se rêve" de M Pokora, à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne).

"On attendait ça depuis longtemps, ça faisait treize ans qu'on était ensemble. Dès que la loi a été promulguée, on a foncé à la mairie", se souvient Jennifer. Le mariage permet d'entamer une procédure d'adoption pour Evaelle, née il y a dix ans grâce à un donneur. Une autre procédure sera lancée pour le petit garçon en gestation dans le ventre tout rond qui pointe sous la robe blanche de Corinne.

Tata Taubira

Pour Nathalie Allain-Djerrah, la présidente de l'association "Les enfants d'arc-en-ciel" qui accompagne les couples homosexuels dans leur projet parental, beaucoup d'unions sont liées à l'envie d'adopter. "Pour pouvoir adopter l'enfant du conjoint, et donc sécuriser sa situation, les couples homosexuels sont obligés de se marier, ce qui n'est pas le cas des couples hétérosexuels, donc il est certain que beaucoup se marient pour ça", dit-elle.

Mais pour Corinne et Jennifer, l'affaire n'est pas qu'administrative, "c'est aussi une affaire de fierté". "Maintenant on marche la tête haute dans la rue. Nous avons les mêmes droits que nos voisins, nos parents, nos frères et soeurs", explique Jennifer. "Nous étions des sous-citoyens, maintenant nous sommes comme les autres", tranche-t-elle. Elle le met au crédit de Christiane Taubira. "Depuis qu'on est mariées, on a souvent une petite pensée pour tata Taubira, si on avait eu une fille, son deuxième prénom aurait été Christiane".

D'autres mariages sont plus compliqués. A celui de Maud et Isabelle, dans l'ouest de la France, les familles, qui battent le pavé contre le mariage gay, manquent à l'appel. Et le maire UMP qui célèbre sa première union homosexuelle leur glisse: "je suis content de commencer avec des filles, avec des hommes ce serait plus difficile".  

3% des unions en France

En 2013, environ 7.000 mariages ont été célébrés entre des personnes de même sexe , selon les derniers chiffres diffusés par l'Institut national de la statistique (Insee) qui publiera de nouvelles données après l'été. Cela représente 3% des 238.000 unions en France. De fait, la loi Taubira n'a pas enrayé la chute du nombre des mariages en France, en baisse quasi continue depuis le début des années 1970.

"L'égalité n'est pas une valeur comptable", répond Nicolas Rividi, porte-parole de l'Inter-LGBT. "Même s'il n'y avait eu que cinq mariages de couples de même sexe, il aurait fallu faire cette loi, pour que les homosexuels cessent d'être des citoyens de seconde zone", dit-il.

La mairie de Paris propose des chiffres plus frais. Un total de 298 couples de même sexe (sur 1.673 couples) se sont mariés entre le 1er janvier et le 31 mars 2014, ce qui laisse penser que le rythme est le même qu'en 2013, aux premiers mois de l'application de la loi. Le 4e arrondissement de Paris, avec son Marais, décroche la couronne: les couples homosexuels y représentent 40% des unions contre 7% dans le très chic 7e, celui où, en proportion, on marie le moins d'homosexuels.

La Manif pour tous toujours là

Toujours trop pour nombre de militants opposés à la loi Taubira. Tous les soirs ou presque, une poignée d'entre eux continuent de se retrouver dans le silence, droit comme un "i", place Vendôme, devant le ministère de le justice pour dire leur courroux au garde des Sceaux. Et le fer de lance de la contestation de la loi Taubira, la Manif pour tous, continue d'exister et cherche à mobiliser à tout-va.

Dans la charte de principes qu'elle a adressée aux candidats aux élections européennes, elle précise que le  mariage est un "engagement" pris "entre un homme et une femme". "Cette loi a provoqué un changement majeur car depuis, des enfants ont été adoptés", estime Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous. "Deux hommes, aussi aimants soient-ils, ne remplaceront jamais une mère et deux femmes ne remplaceront jamais un père", dit-elle. L'un des porte-parole de La Manif pour tous, Lionel Lumbroso, reconnaît néanmoins: "La loi Taubira n'a pas provoqué de bouleversement énorme effectivement". "Mais c'est l'idéologie qui la sous-tend que nous combattons", dit-il.

(Avec AFP)


 
   
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